Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/387

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Ce langage, d’où le bon sens n’était pas exclu, serait à l’abri de toute critique si les Anglais l’avaient tenu de leur côté ; mais, selon leur méthode, ils demandaient tout et n’offraient rien, bien résolus à ne faire des concessions que si dans l’Inde les événements tournaient à leur désavantage.

Deux faits en effet dominèrent toutes ces négociations ; d’une part l’ignorance où se trouvaient l’une et l’autre compagnie de l’importance et même de la nature exacte de ses établissements, de l’autre l’incertitude et l’attente des événements militaires qui surviendrait dans le Carnatic. Un observateur averti, sans doute Le Rouge, faisait déjà remarquer le 14 juin 1753 que les négociations n’auraient aucun succès parce que les Anglais ne désiraient pas qu’elles aboutissent. Un an auparavant ils auraient tout accepté, mais la capitulation de Law et les échecs subséquents de Dupleix à Tirnamalé, à Ariancoupom, à Chinglepet et à Coblon leur avaient fait changer de sentiments ; maintenant il était certain que rien ne se conclurait plus selon nos désirs. Si la Compagnie anglaise, dans l’intérêt de son commerce, restait disposée à faire des concessions, ce n’était l’avis ni de la marine ni du gouvernement. Le ministère ne cherchait qu’à amuser le tapis et à donner des espérances dont il saurait bien se dégager en temps opportun ; il fallait surtout se tenir en garde contre tous les discours, propositions, assurances et promesses du duc de Newcastle. « On n’est point encore dans des circonstances à pouvoir prendre un certain ton avec la France, disait l’observateur ; on se flatte d’y parvenir. » (Arch. Aff. Étr. Asie, 12, p. 276).

Si tels étaient les sentiments de l’observateur français en juin 1753, que devait-il penser quinze mois plus tard ? Nos troupes étaient immobilisées devant Trichinopoly et