Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que toutes les possessions européennes de la côte d’Orissa devaient indistinctement faire retour à Salabet j., que toutefois chacune des deux nations y pourrait conserver deux établissements d’égale importance, dans les dimensions restreintes envisagées par la France elle-même.

La Compagnie française consentit encore à ce sacrifice, mais alors le comité anglais, enhardi par nos capitulations, exprima l’opinion que, pour la sécurité commune, l’Angleterre devait avoir un droit de contrôle sur les effectifs militaires, les fortifications et les revenus de chacun de nos établissements.

Le gouvernement français trouva que ces prétentions dépassaient la mesure et ne crut pas pouvoir les accepter, mais que de timidité dans le refus, que de mollesse dans la riposte ! Dans une lettre à lord Holdernesse du 16 septembre 1754, le duc de Mirepoix s’excusait presque de ne pouvoir adopter le point de vue britannique. Des possessions restreintes, disait-il en substance, ne peuvent certainement donner lieu à aucune inquiétude ni à aucun soupçon. Les établissements que nous conserverions ne gêneraient en rien les communications des Anglais par mer ni avec l’intérieur. Les vues de la Compagnie française étaient uniquement d’avoir des points d’appui à la côte pour se soutenir si elle était attaquée, des revenus territoriaux pour subvenir à ses besoins essentiels, et un asile pour ses tisserands, s’il y avait des troubles dans l’intérieur du pays, « Nous ne voulons rien, concluait Mirepoix, qui puisse tendre à affecter à notre compagnie la supériorité et la prépondérance dans l’Inde sur toutes les autres nations, mais nous ne voulons point non plus nous soumettre et céder rien qui puisse la donner à aucune autre compagnie ; nous désirons uniquement un pied d’égalité. » (Arc. Aff. Étr. Asie, t. 6, p. 316-319).