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Le malheur voulut que la mission Godeheu coïncidât avec les conférences de Londres, de sorte qu’on leur attribua uniquement la disgrâce de Dupleix, alors qu’il l’avait lui-même préparée par ses refus d’obéissance, le ton de sa correspondance et l’inexactitude de ses informations.

Godeheu ne savait encore rien, en février, des projets qu’on pouvait avoir sur son compte. Il se trouvait à Paris lorsque parvint la nouvelle de la capitulation de Sriringam. Étant donné le rôle que cet homme allait jouer, il n’est pas sans intérêt de savoir comment il apprécia cette catastrophe ; or, par un singulier hasard, c’est par une lettre à Dupleix lui-même que nous connaissons son sentiment. Voici ce qu’il lui écrivit le 26 février :

« C’est avec peine que nous avons appris que tous vos efforts pour vous rendre maître de Trichinopoly et que toutes vos sages précautions à cet égard ont été traversées par les Anglais. La guerre est le théâtre des vicissitudes : nous attendons avec grande impatience l’arrivée des vaisseaux de Pondichéry pour apprendre au vrai l’état des choses ; car on n’a pas été peu surpris de ne recevoir aucune lettre de vous depuis le départ du Dauphin et en mon particulier je tremblais pour la suite de la maladie dont on a débité que vous aviez été attaqué trois jours après que vous avez expédié ces vaisseaux ; tant d’inquiétudes à la fois ont alarmé le public qui sait combien vous êtes nécessaire pour mettre tout dans l’ordre…

« Je ne vous dis rien des nouvelles publiques. Il n’y a rien de nouveau et tout est tranquille. Je me faisais une fête de vous voir dans ce pays-ci, mais je crois bien que vous ne quitterez pas encore celui que vous habitez. Vous y êtes trop nécessaire. N’importe ; de loin comme de près je vous prie d’être persuadé de l’attachement sincère et inviolable avec lequel je serai toute ma vie votre très humble et très obéissant serviteur. » (B. N. 9148, p. 254-255).

Laissons de côté les sentiments personnels contenus en