Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/397

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pas moins que de disposer à notre gré de la couronne et des

états du Grand Mogol ; nous étions fort modestes à la vérité, ne nous réservant pour notre part que Surate et ses dépendances, toute la côte de Coromandel et tout le royaume de Bengale ; la Providence en a disposé autrement et nous a fait sentir la vanité de ces projets, en permettant aux ennemis de piller, ravager et incendier toutes nos aldées des environs, sans pouvoir nous y opposer[1]… »

À l’appui de lettres aussi formelles, la Compagnie reçut peu de temps après l’avis que, loin d’avoir des fonds d’avance, comme on pouvait le supposer d’après toutes les déclarations de Dupleix, le Conseil supérieur était redevable de deux millions, qu’il n’avait pas d’argent pour acheter les cafés et qu’il avait dû emprunter 300.000 rs. à 20 p. cent pour envoyer l’Hercule et le Fleury charger du poivre à la côte malabar.

Que pouvaient les arguments d’Amat et de d’Auteuil contre des articulations aussi précises ? Il y avait certainement de la passion et même de l’injustice dans le réquisitoire de Barthélemy, mais il n’en posait pas moins, avec les autres lettres, un ensemble de faits ou d’opinions, dont il était difficile de ne pas tenir compte. Rien n’indiquait à la Compagnie où se trouvait la vérité et elle ne pouvait attendre un autre courrier pour prendre une décision. La lettre de Leyrit lui prouvait au surplus que dans l’Inde aussi bien qu’en France, Dupleix ne communiquait les mauvaises nouvelles, que le jour où il croyait pouvoir compter que le temps en aurait atténué l’effet.

Rien n’exaspérait plus la Compagnie que ces informations tardives ou inexactes ; aussi, ne sachant ce qui se

  1. Allusion à l’envahissement du territoire de Pondichéry en août-septembre 1752.