Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne jamais me départir sont la gloire du roi, la vôtre et les intérêts de la nation en général.

« Il est parti pour Delhi 50 alcaras pour y porter cette nouvelle. Les grands et les petits de cette armée ont écrit cet événement à cette capitale. Je ne finirais pas si tôt, si je vous disais de quelle façon on parle de vous et de la nation : vous êtes élevé avec justice au plus haut point de gloire. L’effet que cet événement a produit dans cette partie de l’Asie est indicible. La plupart des seigneurs maures et marates avaient bien ouï parler de la valeur de notre nation ; mais ils prenaient ce qu’on leur racontait pour des faussetés ou du moins pour des faits très exagérés. Balagirao lui-même à qui on avait dit tout ce qui s’était passé dans le Carnate n’en croyait rien et attribuait à la trahison des Patanes la victoire que nous remportâmes sur Nazer j. ; il a donc éprouvé à sa honte ce que pouvaient faire les Français qui, disait-il, ne l’empêcheraient pas de battre Salabet j. »

Notre victoire du 4 décembre fut surtout un succès moral. Les pertes des Marates furent peu élevées et le butin très restreint. Les cavaliers indiens envoyés à la poursuite des fuyards ne voulurent marcher que si les Français marchaient également ; or ceux-ci tombaient de fatigue. Sans ce contre temps et si les gens de Balagirao n’eussent été, suivant la pittoresque expression de Bussy, comme les oiseaux et fait de cinq à six lieues en moins d’une heure et demie, on eut pu achever ce même jour leur perte.

Après une journée consacrée au repos, on reprit le 5 la marche sur Pouna. Le 6 on en était à 10 lieues et le 13 à 5 seulement. Balagirao était insaisissable : il dressait généralement son camp à une lieue ou une lieue et demie du nôtre, mais il le levait toutes les deux heures et le matin il était à cinq ou six lieues de nous. Pour le tenir en éveil, Bussy faisait faire la nuit à des heures variables des mou-