Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/400

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ou à la faiblesse du ministre, ils n’étaient pas obligés de connaître ni surtout de reconnaître les griefs de la Compagnie contre le gouverneur, et ils n’y ont pas manqué. Dans une lettre à son oncle du 12 novembre 1753, Dupleix-Bacquencourt disait qu’en dehors des actionnaires, une autre raison beaucoup plus honteuse pour la France avait contribué à l’envoi de la mission Godeheu, c’était « la supériorité du gouvernement anglais et la hauteur avec laquelle ils se sont plaints de vos entreprises et de votre ascendant sur l’esprit des Maures qui leur font craindre avec raison une diminution de leur commerce. » Toutefois Bacquencourt ne va pas jusqu’à dire que Dupleix ait été sacrifié à une exigence officielle ; en parlant de la « hauteur » et de la « supériorité » du gouvernement anglais, il n’exprimait aucune idée nouvelle et son opinion n’a guère cessé d’être vraie.


La nouvelle de la mission Godeheu n’étonna personne et, comme on ignorait encore que le gouverneur fut rappelé, elle ne fit non plus aucun mécontent ; la famille même de Dupleix en prit son parti de bonne grâce.

Sa belle-sœur, Madame de Bacquencourt, qui devait, disait-on, épouser prochainement M. de Saint-Contest, ministre des affaires étrangères, fut la première qui manifesta son sentiment (9 août). D’après elle, le public ne considérait point la mission comme une manœuvre contre Dupleix.

« Il paraît croire, disait-elle, que le but de cette précaution est une instruction générale que la Compagnie veut prendre de ses possessions tant aux îles de France et de Bourbon qu’aux Indes. On ne pense point du tout qu’il y ait rien qui vous soit personnel. C’est le langage du plus grand nombre ; ainsi, cher frère, soyez sûr que votre gloire n’en sera point ternie et qu’elle