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rience de votre zèle et de vos lumières balançant les premières, le ministre a cru nécessaire que la Compagnie envoyât un de ses directeurs sur les lieux, chargé d’examiner de plus près l’état de nos établissements, la relation de nos vrais intérêts avec ceux des puissances de l’Inde et les mesures les plus propres au maintien du système pacifique jugé préférable.

« Telle est. Monsieur, l’idée que nous nous faisons de la mission de M. Godeheu ; car nous ne pouvons croire qu’on se méfie de votre attachement pour la Compagnie et de votre soumission aux ordres supérieurs qui pourraient vous être intimés par toute autre voie. Si vous envisagez cette démarche avec la tranquillité d’esprit que doit vous conserver le sentiment de votre bonne conduite, vous reconnaîtrez que dans ces circonstances on pouvait difficilement prendre un parti plus honorable, mais que du moins celui qu’on a pris est peut être par événement le plus heureux pour vous. Si M. Godeheu ne juge pas que la paix soit convenable ou ne réussit pas à la conclure, il demeurera pour constant que vous ne pouviez ou ne deviez pas la faire ; s’il obtient des conditions avantageuses, elles seront dues en plus grande partie à l’arrivée d’un renfort que vous sollicitez depuis longtemps et à la bonne contenance que vous aurez fait jusqu’à ce moment. S’il en accepte de moins honorables, vous n’aurez, sur ce point, de reproche à craindre de la part du public ni à vous en faire vous-même. » (B. N. 9150, p. 13-14).

L’opinion de Savalette, tout à la fois sage et mesurée, peut être considérée comme celle de la majorité de la population instruite et compétente. Tout le monde au fond reconnaissait que la mission de Godeheu était une nécessité et, jusqu’à ses amis les plus dévoués, chacun conseillait à Dupleix de ne pas s’obstiner dans ses projets et de faire des concessions. Amat et d’Auteuil eux-mêmes lui écrivaient que la paix était le cri général du pays ; en partant de l’Inde, disaient-ils, ils étaient loin de s’attendre