Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/408

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toutes sortes et on avait été obligé de le condamner. Le Duc de Bourbon, qui était parti du Bengale le 5 mars avait dû également revenir à l’Île de France le 11 juillet. Enfin l’Anson, arrivé de Pondichéry à Port-Louis le 21 avril, était reparti des Îles le 2 mai pour y rentrer le 13 juillet, faisant eau de toutes parts.

Comme si ces mésaventures ne suffisaient pas, les deux vaisseaux de Chine, le Maréchal de Saxe et la Baleine, avaient eu un sort équivalent. Le premier parti de Port-Louis le 20 février y était rentré le 10 avril à la suite d’une voie d’eau et le second, n’ayant pu doubler le Cap de Bonne Espérance, avait dû de son côté revenir le 11 mai.

C’étaient cinq vaisseaux qui allaient manquer aux ventes de la Compagnie. Il n’en fallait pas tant pour provoquer les angoisses des actionnaires ni les inquiétudes des directeurs et du ministre. Ces retards dont nul en France ne pouvait connaître la cause venant s’ajouter à l’insuffisance ou à l’inexactitude plusieurs fois constatée des informations fournies par Dupleix, on craignit fortement que cette fois le gouverneur ne cachât quelque ténébreuse aventure dont la Compagnie ferait les frais. Ne disait-on pas qu’il aspirait au titre de vice-roi de l’Inde et voulait se rendre indépendant ?

Ce n’est pas tout. Le ministre avait reçu de Dupleix au début de 1753 un bilan daté du 30 juin précédent, annonçant un disponible de 24.110.418 livres pour le commerce et quelques mois plus tard, il recevait du Conseil supérieur une lettre du 19 février dans laquelle celui-ci lui mandait que, loin d’avoir des fonds d’avance, il était redevable de près de deux millions, et n’avait plus rien en caisse pour les dépenses courantes.

Où étaient passés ces 26 millions ? ce n’était assuré-