Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/413

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de partir, il alla voir le neveu de Dupleix, dont il avait évité jusque-là toutes les visites. Il s’excusa de ne pas être venu le voir auparavant, mais c’était, dit-il, par délicatesse et pour ne pas donner lieu à des propos qui pourraient être diversement interprétés. Il lui fit d’ailleurs les plus belles protestations du monde sur son ancienne amitié avec le gouverneur et lui dit que, quoique le parti d’envoyer un commissaire dans l’Inde ne fut pas de son goût, il valait cependant mieux pour Dupleix que ce fût lui plutôt qu’un autre qui eût été choisi. Commentant cette visite, Guillaume Dupleix pensait que le commissaire ne partait pas avec de mauvaises intentions ; il convenait pourtant de ne pas exagérer la confiance ni de s’endormir dans une fausse sécurité (Lettre du 12 novembre).

Arrivé à Lorient, Godeheu y attendit les dernières instructions du Ministre. Le temps avait produit son œuvre et la mauvaise humeur provoquée par le mystère qui planait sur les affaires de l’Inde s’était atténuée. À la réflexion, on avait pensé que les mesures prises à l’égard de Dupleix, très rigoureuses dans la forme, pourraient plus tard provoquer en sa faveur une désagréable réaction. Machault envoya donc le 5 décembre à Godeheu un nouvel ordre du roi, par lequel au lieu d’imposer brutalement Godeheu comme commandant, on laissait à Dupleix le soin de lui remettre comme de son plein gré le commandement et de décider lui-même son retour en France ; seulement toutes ces précautions étaient des ordres. S’il s’y conformait, tous les autres devenaient inutiles ; mais, ajoutait Machault dans un supplément à ses instructions secrètes,

« s’il en était autrement et que Dupleix se prévalût de la modération avec laquelle on use à son égard, le sieur Godeheu