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Sultangy et Janogy n’avait pas bougé. Le pouvoir de Salabet j. était malheureusement trop mal affermi pour qu’il osât prendre contre eux des mesures de rigueur. S’il pouvait compter sur les Français, ceux-ci étaient peu nombreux et il n’était pas certain qu’ils dussent toujours être victorieux. Tara Baye n’avait pas envoyé les secours promis et les autres chefs marates s’étaient également abstenus. L’armée commençait à manquer de vivres ; le pays était ravagé et le découragement, gagnant peu à peu les esprits, risquait de devenir général. La paix s’imposait comme une nécessité, aussi bien pour un parti que pour l’autre. Balagirao pouvait craindre que, la guerre venant à se prolonger nous n’arrivions quand même à Pouna. L’empire marate résisterait-il à l’épreuve ? déjà quatre ou cinq grands seigneurs s’apprêtaient à se tailler dans le nord des principautés indépendantes. Saiabet j. devait pareillement compter avec le désarroi moral de son armée et les trahisons occultes dont il était enveloppé.

On continua néanmoins à guerroyer quelques jours encore, mais en n’ayant plus Pouna comme objectif. La question des vivres était chaque jour plus angoissante et l’on ne battait plus le pays pour cueillir des lauriers mais pour se ravitailler. L’armée ne vivait que de pillage, chassant les habitants de leurs villages, et leur prenant le peu qu’ils possédaient. On brûla et ravagea ainsi plus de 300 aldées, et, pour les besoins d’un moment, on consomma plus de 20 laks de grains en herbe ; en somme on ruina le pays tout entier. « Nous fatiguons comme des misérables, écrivait Kerjean le 5 janvier ; du matin au soir il faut être à cheval ; ces coquins de Maures nous laissent tout l’ouvrage. »

Balagirao ne savait plus quel parti prendre ; de quelque