Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/420

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calcul se trouva faux ; car Dupleix se soumit loyalement à Godeheu ; quant aux Anglais, l’envoi de toutes ces forces ne servit qu’à déterminer leur Compagnie à faire un effort plus considérable que le nôtre. Le départ et l’armement de Godeheu firent en effet grand bruit à Londres et augmentèrent de beaucoup les murmures provoqués par les retards de la Compagnie de France à répondre aux propositions du mois de novembre : on parut craindre que ces retards ne servissent à préparer un coup militaire qui les écraserait dans l’Inde. Aussi les ministres se hâtèrent-ils de donner des ordres pour armer des vaisseaux et recruter des hommes en nombre suffisant pour avoir sur nous la supériorité. Quelques assurances que put donner Mirepoix sur le caractère essentiellement pacifique de la mission Godeheu, rien ne put les détourner de cet armement, qui fut mené avec la plus grande activité. En quelques semaines on équipa quatre navires de guerre et deux frégates et pour les armer, on prit de force des matelots dans Londres et tout le long de la Tamise ; en deux jours, on en ramassa plus de 1.200. Ces vaisseaux partirent de Plymouth le 24 mars avec 306 canons et 2.060 hommes.

Tous les bénéfices que la Compagnie de France pouvait espérer de l’armement de Godeheu se trouvèrent anéantis.


Laissons Godeheu voguer vers l’Inde et, avant qu’il n’arrivât à Pondichéry, voyons ce que Dupleix pensait de sa mission. Malgré les précautions prises, malgré les courriers envoyés dès le mois d’août par voie des caravanes, la lettre qui lui annonçait l’envoi de Godeheu ne lui parvint que le 3 mai. Nous ne pouvons juger de l’impression réelle qu’elle produisit sur Dupleix que par