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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/421

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les lettres qu’il écrivit lui-même à ses divers correspondants et il est d’usage, en pareille circonstance, de faire bon visage à la mauvaise fortune. Mais si nous nous en rapportons à celles qu’il adressa à Bussy et à Moracin, l’un son neveu et l’autre son ami le plus dévoué, il semble que cette nouvelle ne l’ait nullement inquiété. Godeheu ne lui avait-il pas toujours témoigné une affection sincère ? C’était plutôt un coup de fortune que ce fut un ami qui vint l’assister. Voici ce qu’il écrivit à Moracin le 13 mai :

« C’est mon ami, bon français, plein d’esprit et de bon sens et de la dernière probité. Lorsqu’il sera ici et qu’il aura tout vu et su par lui-même, il reviendra de certains préjugés dont malheureusement la nation en Europe est trop entichée… »

Il ne pouvait tenir un autre langage à Bussy, qui reçut la lettre suivante datée du 14 mai :

« Par la voie de Bassora, j’ai eu un avis que le ministre avait pris la résolution de faire passer dans l’Inde M. Godeheu, directeur de la Compagnie, pour prendre une connaissance exacte de tous les comptoirs de la Compagnie et des affaires de l’Inde. Je suis charmé que le ministre ait pris ce parti. Le choix judicieux qu’il a fait de M. Godeheu a de quoi beaucoup me flatter. Il joint aux meilleurs sentiments d’un bon patriote beaucoup d’esprit et de bon sens. Aussi j’espère que sa présence ici ne servira pas peu à la réussite de toutes ces belles choses que vous seul êtes capable de faire. » (B. N. 9159. p. 295-296).

On peut estimer que dans ces deux lettres, Dupleix traduisait exactement sa pensée à l’égard du commissaire et elle était loin de lui être défavorable. Il était plus réservé avec les autres fonctionnaires ou officiers auxquels il n’était lié que par des rapports de service ; mais la note restait toujours optimiste. Le 15 mai, il écrivit à