Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/432

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ne fut pas étrangère à la rupture complète qui éclata entre les deux hommes. Godeheu ne pouvait accepter la proposition de Dupleix sans jeter un doute sur ses propres pouvoirs et il dut se demander à quoi tendaient ces atermoiements. Après avoir fait toutes les concessions légitimes à l’amitié et à d’anciens souvenirs, il ne pouvait en faire à l’autorité qu’il tenait du roi : il refusa.

Ce fut le premier froissement grave ; d’autres allaient suivre, répétés et décisifs. En réponse à la démarche du matin, Godeheu porta dans l’après-midi un coup sensible à l’amour-propre de Dupleix en remettant en liberté les officiers et les soldats suisses qui avaient été arrêtés deux ans auparavant en rade de Pondichéry.

Godeheu passa le reste de la journée à visiter les bureaux, arrêter les comptes et recevoir des visites. Mais, dans la pensée que Dupleix pourrait rester à Pondichéry, personne n’osait s’exprimer en toute liberté ; chacun tremblait au nom du gouverneur. Godeheu sentit que son autorité ne serait bien assise et que le malaise qui régnait dans les esprits ne cesserait que le jour où la situation serait nette de part et d’autre. Le lendemain, 4 août, il écrivit donc à Dupleix pour l’engager à rendre public son départ, en lui marquant que le bien du service l’exigeait absolument. Dupleix répondit qu’il lui donnerait satisfaction le lendemain, à l’issue de la réunion du conseil.

Dans ce conseil qui se tint chez Godeheu, on examina d’abord l’état de la caisse ; il n’y avait rien. On mit ensuite sur le tapis le voyage de la Cochinchine, les affaires du Bengale et les contrats avec les marchands. Le voyage de la Cochinchine fut décidé à la pluralité des voix. Ces affaires purement commerciales une fois réglées, Dupleix tint la parole qu’il avait donnée ; il annonça qu’il partait pour la France et remettait le commandement à