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des explications insoutenables ou des faux-fuyants imaginaires. Il n’apporta en somme aucun obstacle sérieux à l’accomplissement de la mission de Dupleix. Aussi les deux hommes vécurent-ils côte à côte pendant près de trois mois, sans autre gêne que la fausseté même de leur situation. Sous l’inspiration évidente d’Arnaud, dont l’influence discrète fut considérable, ni l’un ni l’autre ne cherchèrent à la dramatiser par des manifestations inopportunes ; ils se virent quelquefois et plus souvent ils s’écrivirent sans chercher à se blesser mutuellement par un ton de supériorité ou de défi. Dupleix et surtout sa femme tenaient bien en particulier des propos qui, revenant aux oreilles du commissaire, ne laissaient pas que de lui être désagréables ; mais il n’en paraissait rien dans les faits. Godeheu feignait de ne rien savoir ou de ne pas comprendre. Ce n’est que plus tard, en leurs mémoires respectifs, qu’ils s’attaquèrent avec un manque de mesure et de courtoisie, qui ne recommande pas ces écrits à l’admiration.


Explications sur la politique de Dupleix. — Les demandes d’explications de Godeheu portèrent sur deux points principaux : la politique et les finances. Nous devons aux réponses de Dupleix qui toutes nous ont été conservées de voir que, malgré sa disgrâce, il ne désavouait aucune des idées directrices de sa politique.

En ce qui concernait le Carnatic, il crut que son retour en Europe pouvait occasionner dans l’Inde une révolution. Les puissances instruites de son départ pourraient bien « se détacher des engagements pris avec la nation et, par des engagements contraires, jeter nos affaires dans un chaos difficile à débrouiller. » Un des premiers soins du commissaire « devrait être de ménager