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Enfin, le 29 septembre, Saunders fit savoir à Godeheu qu’il avait signé les articles de la suspension d’armes et qu’il les envoyait à Goudelour pour les faire ratifier par deux députés de chaque nation. Ceux-ci se réunirent le 5 octobre à mi-chemin de cette ville et de Pondichéry et les signatures furent échangées. La convention était valable jusqu’au 11 janvier 1755.

« On dit que les militaires ne sont pas satisfaits de cette suspension, écrit Godeheu dans son journal du 8 octobre ; je le crois bien, mais mes raisons subsistent et de plus nos troupes ont besoin d’être disciplinées et mattées ; un Anglais leur fait peur… Après cela que peut-on attendre d’eux ? Aussi les noirs demandent-ils à présent pourquoi nos troupes ne sont plus ce qu’elles étaient. »

Quant à Dupleix, comme Godeheu ne l’avait pas mis au courant de ses tractations, il ne put que s’incliner devant les faits accomplis. Lorsque Godeheu vint d’un air satisfait lui annoncer comme un triomphe l’accord fait avec les Anglais, il lui en fit son compliment, mais d’un air si sec et si froid que Godeheu en fut plus offensé que flatté. L’expérience avait appris à Dupleix que le commissaire ne tenait aucun compte de ses avis et il se garda bien de lui faire la moindre représentation.

La suspension d’armes était à peine signée que, poursuivant l’objet de sa mission, Godeheu cherchait à arrêter avec Saunders les conditions de la paix et l’on sait qu’à la suite de négociations laborieuses, il parvint à conclure le 26 décembre un traité conditionnel, c’est-à-dire qui ne pouvait avoir son effet que s’il était ratifié par les deux cours. On sait aussi que les conditions de ce traité, qui plaçait en principe les deux nations sur un pied d’égalité, furent profondément influencées par l’arrivée de l’escadre anglaise partie de Plymouth le 24 mars et