Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/450

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Godeheu écrit à ce sujet dans son journal du même jour, avec une impitoyable logique :

« Il est donc vrai, suivant ce discours, que M. Dupleix se regarde comme nabab d’Arcate, mais je dois l’être à présent, étant gouverneur de Pondichéry, ou si c’est M. Dupleix qui l’est, c’est donc un pouvoir étranger qui milite contre un gouvernement français ? C’est donc comme nabab d’Arcate que M. Dupleix a fait la guerre et non comme gouverneur de Pondichéry. Si c’est comme nabab, la Compagnie n’est point tenue de toutes les sommes avancées pour soutenir cette guerre ; si c’est comme gouverneur de Pondichéry, je dois prendre connaissance des fonds donnés à cette guerre, parce que la dignité de nabab doit être jointe à celle de gouverneur. Il ne reste qu’avoir s’il convient à la Compagnie qu’un gouverneur soit nabab, ou qu’il y ait un nabab français vis-à-vis du gouverneur de Pondichéry. Il faut bien effectivement que M. Dupleix soit nabab, puisque nous n’en connaissons point pour qui nous fassions la guerre, puisqu’il en prend le titre dans ses traités antérieurs vis-à-vis des gens du pays et qu’on assure qu’il en a la finance et que celui de Velour ne l’avait été nommé qu’en qualité de lieutenant de M. Dupleix, mais il n’en a pas voulu et s’est retiré chez lui. »

Les affirmations de Madame Dupleix, les intimidations de son mari retenaient bien des personnes dans la crainte et Godeheu nous dit qu’il dût se contenir pour ne pas provoquer une esclandre et pousser les choses jusqu’au bout. Il commençait presque à regretter de ne pas exécuter les ordres du roi qui lui permettaient encore d’arrêter Dupleix si celui-ci prenait une attitude qui contrariât l’exercice de son autorité. Il préféra affecter de ne rien savoir et remplaça Papiapoullé par Rangapa, l’auteur du fameux Journal, et de ce jour, les revenus du Carnatic furent perçus au nom de la Compagnie.