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à ces comptes en les visant. Comme il n’est plus question d’eux dans son journal, tout porte à croire qu’il les classa après en avoir pris connaissance. Une fois cependant, le 21 août, Dupleix fit demander à Godeheu d’autoriser Papiapoullé ou, à son défaut, son comptable principal à se rendre auprès de lui pour lui fournir des explications ; Godeheu refusa et renvoya la lettre de Dupleix à la commission. Plus tard, rentré en France, Godeheu nous parle bien des comptes de Papiapoullé en ses mémoires de 1759 et de 1764, mais c’est beaucoup moins pour discuter et contester des chiffres qu’il ne cite même pas que pour dire qu’aucune des sommes qui lui avaient passé sous les yeux n’avait figuré sur les registres de la Compagnie. Il s’agissait pourtant de recettes s’élevant à 7.931.088 liv. et de dépenses montant à 7.852.716. Il tenait évidemment à ne pas donner à ces chiffres une valeur officielle, pour ne pas consacrer la légitimité des droits de Dupleix à disposer des revenus du Carnatic.

Madame Dupleix fut vivement contrariée de ce qui se passait : c’était à elle bien plus qu’à son mari que Papiapoullé rendait des comptes. Comme elle se maîtrisait difficilement, elle répandit, dès le 15 août, le bruit que la disgrâce de Papiapoullé ne durerait pas, qu’elle et son mari reviendraient dans la colonie avant deux ans et qu’alors Papiapoullé serait rétabli dans tous ses honneurs. Dupleix, de son côté, fit venir du Bausset (15 août) et lui dit de bien prendre garde ; il s’embarquait dans une mauvaise affaire ; le commissaire prenait trop sur lui en s’occupant de Papiapoullé : receveur des domaines d’Arcate, cet homme ne devait de compte qu’à Dupleix, qui n’agissait lui-même que par une délégation de Salabet j.