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long procès que Dupleix puis ses héritiers soutinrent contre la Compagnie.

Cette créance de plus de sept millions ne représentait pas seulement les avances personnelles de Dupleix pour soutenir la guerre, mais encore des fonds qui lui avaient été prêtés dans cette intention par des amis ou des habitants de Pondichéry. Tant qu’il fut gouverneur, il put les rembourser au fur et à mesure des remises de Papiapoullé, mais ces ressources se trouvèrent brusquement fermées par l’arrivée de Godeheu et la disgrâce du receveur. Dupleix se trouva dans la situation d’un acheteur à découvert qui n’aurait rien pour payer.

Cette situation ne pouvait naturellement échapper à ses créanciers ; ils prirent peu à peu l’alarme et, ne pouvant effectivement être remboursés, vinrent exposer à Godeheu leurs inquiétudes et le prier d’user de son autorité pour obliger Dupleix à s’acquitter de ses dettes avant son embarquement. Ces réclamations commencèrent à la fin d’août et se poursuivirent pendant tout le mois de septembre. Godeheu nous dit dans son journal du 3 septembre :

« Je suis accablé des demandes que des particuliers, officiers et employés viennent me faire, pour des fonds prêtés depuis longtemps à M. Dupleix, et qu’ils ne peuvent ravoir. Je paye le moins que je peux et je tâche que ceux à qui il est dû pour des affaires de commerce connues du Conseil se contentent des lettres de change sur la Compagnie. Les autres, je les renvoie à M. Dupleix. »

Les autres, c’étaient ceux qui avaient prêté à Dupleix pour soutenir la guerre. Godeheu n’en avait pas encore la liste, mais des gens bien informés lui affirmaient que Dupleix ne devait pas moins de 3.600.000 livres. Ce chiffre, comme nous le verrons dans un moment, était