Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/464

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pas savoir dans quelle partie des instructions de la Compagnie les conseillers en question avaient pu voir qu’il était dispensé de renvoyer Dupleix en France. Les seules qu’il eut reçues — et il les cite — étaient ainsi conçues :

« Le Comité ne peut qu’exciter M. Godeheu à profiter des lumières et de l’expérience de M. Dupleix, pour ce qui peut concerner les négociations à faire et à entretenir avec les princes maures ; mais l’on n’entend nullement prescrire à M. Godeheu un concert nécessaire avec M. Dupleix, encore moins d’adopter son système et ses vues, dont on n’éprouve que trop les fâcheuses conséquences ; le vœu suffisamment connu de la Direction et ce que l’on a pu apercevoir des sentiments des actionnaires dans les deux dernières assemblées générales doivent faire apercevoir à M. Godeheu combien l’on craint que les principes de M. Dupleix ne prédominent, et combien il doit être attentif à se garantir de leur illusion. »

Rien n’indique que la Compagnie ou le ministre aient eu l’intention de révoquer l’ordre du rappel de Dupleix. Tout au plus le mémoire du 16 octobre 1753 parvenu en France au mois d’avril suivant, avait-il produit une impression plus favorable à son auteur ; mais sa chute n’en restait pas moins arrêtée. En écrivant à Godeheu comme elle le fit le 3 mai, la Compagnie avait calculé que Dupleix pourrait encore se trouver dans l’Inde au moment de l’arrivée de sa lettre ; il était assez naturel qu’elle invitât Godeheu à profiter de son expérience pour la conduite des négociations avec les Maures ; elle ne dit rien de plus et ne parle pas des Anglais. Le mea culpa de la Compagnie est une légende qui ne repose sur aucun fondement.

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Annoncé depuis plus de deux mois, le départ de Dupleix ne surprit personne. Il ne produisit pas non plus