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La lettre de Godeheu à Madame Dupleix ne comportait pas de réponse et l’embarquement des bagages commença presque aussitôt ; il ne fut terminé que le 12 ou le 13 et Dupleix s’embarqua le 15 à 3 heures du matin. Il avait obtenu de partir en qualité de directeur de la Compagnie, avec tous les égards dus à cette fonction et lorsqu’il mit à la voile au lever du jour, à 7 heures, Godeheu le fit saluer de 21 coups de canon.

Avec la fumée du dernier coup, c’était également toute une vie de luttes et de souffrances, d’espoirs et de déceptions, qui se dissipait dans le néant des efforts perdus.


La plupart des historiens ont écrit que, si le départ de Dupleix avait été retardé de trois mois, il serait resté dans l’Inde et sa politique aurait fini par triompher. Ils s’appuient, pour soutenir cette opinion, sur de nouvelles instructions à la Compagnie à Godeheu, datées du 3 mai 1754, parties quelques jours après de Lorient sur le vaisseau L’Utile et arrivées à Pondichéry le 21 décembre par le vaisseau la Fière, qui les avait prises à l’Île-de-France. Dans son mémoire de 1763 (p. 126 et 127), Dupleix rapporte, d’après des lettres qu’il aurait reçues de conseillers au Conseil supérieur, que par une lecture qui fut faite au Conseil, Dupleix et Godeheu devaient se concilier pour donner au ministre tous les éclaircissements sur le bilan général qui avait été envoyé en France au mois d’octobre 1752, et il en concluait, pour que cette conciliation fût possible, que l’ordre de son rappel avait été rapporté. « Vous ne fussiez pas parti, lui écrivait un des conseillers, si les mêmes paquets vous eussent trouvé à Pondichéry. »

Godeheu, dans sa réponse parue en 1764, déclare ne