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I

Il résulte de cet exposé que, pour réussir, il eût fallu que la politique de Dupleix fût connue et appuyée à son origine par la Compagnie de France, dispensatrice des hommes et de l’argent. Or, depuis sa fondation, celle-ci était absolument hostile à toute intervention dans les affaires des princes indiens. Dupleix ne l’ignorait pas et la règle, comme sa sécurité personnelle, eussent voulu qu’il n’engageât pas les affaires du Carnatic, sans être couvert par une approbation de la métropole. La politique suivie et à suivre dans l’Inde était comme une partie, dont les conditions étaient connues et acceptées d’avance, aussi bien à Paris qu’à Pondichéry. En modifiant de sa propre autorité les règles du jeu, Dupleix créa brusquement une situation nouvelle qui ne fut pas comprise en France ; ce renversement des rôles créa tout le mal. Mais les avantages qu’on lui offrait étaient si grands et si immédiats qu’il crut pouvoir aller de l’avant, pensant que la guerre serait de courte durée et qu’entre temps un accord quelconque sanctionnerait les faits accomplis. La Compagnie n’eut donc pas à se prononcer dès le début sur des projets qu’on ne lui soumettait pas et qu’elle ne pouvait même soupçonner.

Lorsque, par suite de complications inattendues et cependant normales, Dupleix se trouva entraîné dans une guerre véritable et de longue durée, il était trop tard pour en faire l’aveu à la Compagnie et lui demander son approbation : les troupes marchaient, le temps aussi et il fallait plus d’un an pour obtenir une réponse de France. Nos succès étaient grands, nos bénéfices considérables : Dupleix continua la guerre.