Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/48

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Décan. Kerjean devait en principe repasser en France pour rendre compte au roi et à la Compagnie des événements dont il avait été le témoin, mais ce n’était plus la fastueuse ambassade qu’il avait envisagée. Avant de partir, il se réconcilia avec Bussy dont il avait longtemps convoité la succession et souvent critiqué la politique. — Quant à Vincens, il était malade et mourut le 16 août suivant à Pondichéry, à l’âge de 28 ans.

Ramdas Pendet, resté maître du pouvoir, disait dans le plus grand secret à Bussy qu’il n’attendait que l’arrivée de nos renforts pour mettre à mort Seyed Lasker kh., Sultangy, Janogy et les autres seigneurs suspects de trahison. Bussy et Kerjean n’y voyaient aucun inconvénient ; ils craignaient seulement qu’il ne manquât de fermeté au moment de l’exécution. Pas de dévouement sur lequel on put compter : le trésor était vide et l’on devait aux troupes sept mois de paye. Le soldat se contenait parce qu’il nous redoutait, mais si nous tournions le dos, il était possible qu’une révolution éclatât. Que pouvait faire Ramdas Pendet dans une atmosphère aussi peu favorable ? Il avait assurément de l’esprit et toute la dissimulation indienne, talents nécessaires pour en imposer aux peuples du pays, mais il manquait parfois de jugement. En dépouillant plusieurs seigneurs de leurs jaguirs, il les avait tournés contre lui.


Cependant Dupleix avait suivi avec une attention intéressée toutes les péripéties de la lutte contre Balagirao. Il avait vivement recommandé à Bussy de ne conclure la paix qu’à Pouna, mais il comprit que le manque d’hommes et de vivres l’avait obligé à une sorte de compromis. Ce compromis pouvait après tout nous servir dans l’avenir ; qui sait, si dans l’effondrement possible de