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Mieux placé pour juger des réalisations possibles, Dupleix crut que la désorganisation et l’inconsistance des puissances de l’Inde lui permettrait de créer un empire français dont il aurait fait hommage à sa patrie, et peu à peu, entraîné par les événements, il chercha réellement à le constituer sous sa seule et entière responsabilité. Mais, comme l’a fort bien dit un auteur latin du 1er siècle avant notre ère, Publius Syrus :

Bene cogitata sœpe ceciderunt male

Une bonne idée tourne souvent fort mal. Et les plus belles conceptions ne réussissent pas toujours.

Toutefois, malgré la faiblesse et la fragilité des moyens dont il disposa, l’histoire ne peut qu’enregistrer avec reconnaissance et admiration cette entreprise audacieuse et nouvelle qui honore autant l’homme qui l’exécuta que le génie français qui l’inspira. Dupleix n’a pas réussi et, si l’on considère le merveilleux développement pris par la colonisation européenne au cours du xixe siècle, on ne peut que regretter la réserve des pouvoirs publics et des autorités constituées du siècle précédent, mais elle se justifie et qui sait si, dans des temps plus ou moins lointains, ce ne sera pas la Compagnie qui, sans le vouloir, aura été la plus clairvoyante en hésitant à imposer à des populations nombreuses et civilisées une domination dont elles ne veulent pas et dont rien ne garantit la durée ?