Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/58

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tion à Trichinopoly était désespérée ; mais tel était l’intérêt qu’il attachait aux affaires du Décan qu’en dépit de l’imminence de la catastrophe, il n’hésita pas à envoyer un brigantin à Mazulipatam avec des munitions, le P. Moujustin, aumônier, le chirurgien Guyonnet, un second chirurgien, 2 forgerons, 2 charpentiers et quelques coulis pour être dirigés de là sur Haïderabad, mais il ne put envoyer de soldats (2 juin).

La capitulation de Law qui survint dix jours plus tard eut pu avoir un grave contrecoup dans le Décan, mais Dupleix eut l’art de représenter à Salabet j. que, si ce malheur était arrivé, c’est qu’au risque d’échouer devant Trichinopoly, nous avions tenu à assurer sa propre sécurité en ne retirant aucune des troupes qui le gardaient. Il n’y avait pas lieu de s’émouvoir ; si dans l’orgueil de leur victoire, Mahamet Ali ou les Anglais, s’adressaient à lui, il devait les renvoyer à Dupleix. Rien n’était compromis. Des renforts d’Europe étaient attendus ; les premiers arrivés partiraient pour compléter à 1.000 les effectifs du Décan. La Diane arriva précisément de France sur ces entrefaites (21 juin) avec 45 officiers et 900 hommes. Dupleix comptait en donner tout de suite 500 à Bussy, et il en envoya en effet 460 dans les trois mois qui suivirent.

Rien n’est admirable comme cette présence d’esprit dans une circonstance presque aussi désespérée ; la volonté de Dupleix n’était jamais aussi lucide et aussi puissante qu’au milieu des tourmentes. Loin de se laisser abattre par la mauvaise fortune, il chercha dans le Décan même des motifs d’espérance et des moyens de relèvement. Il comprit mieux que jamais combien Bussy avait été sage en n’acculant pas les Marates aux pires extrémités et il se proposa de déterminer Balagirao à