Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/6

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départ de nos troupes, il rappela au soubab sa promesse d’accorder à Mahamet Ali un établissement convenable dans ses états ; c’était le seul moyen de séparer sa cause de celle des Anglais. Si l’on y parvenait, plus besoin de s’inquiéter de Saunders ni de son conseil ; il suffirait que Muzaffer j. leur fit sentir qu’ils étaient à sa discrétion. Inutile de les ménager : lorsque Muzaffer j. était à Pondichéry, il leur avait fait part de son avènement et ils ne lui avaient pas répondu. À ce mauvais procédé, il n’y avait qu’une riposte : la menace de les chasser de tous leurs établissements. Le soubab fut invité à ne pas hésiter. Muzaffer j. se prêta de la meilleure grâce à ce que Dupleix lui demandait, mais on a vu, au récit des événements du Carnatic, que ce fut en pure perte : Mahamet Ali était depuis longtemps résolu à ne s’appuyer que sur les Anglais ; toutes les avances qu’on pouvait lui faire étaient une preuve certaine que notre confiance était endormie. Le départ d’un détachement pour le Décan ne pouvait que favoriser ses espérances et sa résistance, puisqu’il était trop visible que, du côté purement militaire, Dupleix affaiblissait nos forces en les partageant. Bussy, tenu au courant des idées du gouverneur, devait de son côté faire toutes les honnêtetés possibles à Mafous kh., resté prisonnier à la cour du soubab, pour déterminer son frère à abandonner volontairement Trichinopoly.

Cependant nos troupes continuaient leur marche avec une lenteur calculée ; la fidélité de celles du soubab n’était rien moins qu’assurée. En quittant Pondichéry les Patanes avaient promis à Dupleix de rester attachés à Muzaffer j. et le nabab de Carnoul avait, dit-on, les larmes aux yeux, mais à peine eurent-ils franchi nos limites que toutes leurs rancœurs revinrent avec le