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directement au nom des intérêts de la nation, que les choses en iraient beaucoup mieux, qu’il était dans ses intentions d’obliger Mahamet Ali à traiter avec lui plutôt que de subir une paix dictée par les événements et que si ce prince était mort, comme le bruit en courait, il prendrait officiellement le titre de nabab d’Arcate. Bussy ne l’encouragea pas dans ce projet. D’après lui, Dupleix ne pouvait que l’exécuter les armes à la main et avec d’autant plus de difficulté que ses ennemis étaient en campagne et victorieux. En jouant cette partie, il lui serait impossible de secourir Salabet j. et l’armée du Décan serait obligée de se retirer à Mazulipatam. On perdrait ainsi tout à la fois le Nord et le Sud.

« Vouloir vous déclarer nabab d’Arcate, lui écrivait-il le 13 juillet, avant que Salabet j. soit tranquille possesseur du Décan, c’est cueillir un fruit qui n’est pas mûr. Je me regarderais comme un adulateur si avec les connaissances que j’ai de ce pays je ne combattais pas de toutes mes forces ce projet. Je parle avec franchise, parce que c’est le zèle de vos intérêts, de votre gloire et celle de ma nation qui me font parler. Je vois votre gloire et votre couronne prête à vous échapper par un projet hors de saison, qui faisant évanouir toutes nos espérances, nous précipitera dans un abîme d’humiliation dont la nation ne se relèvera jamais. »

Et Bussy faisait valoir que si Salabet j. ne pouvait se maintenir dans le Décan, ce seraient les Anglais qui recueilleraient tous les biens, domaines et avantages que nous tenions actuellement de lui. (B. N. 9158, p. 12-13).

Dupleix suivit le conseil et ne prit pas pour lui-même la nababie mais il en conserva le titre comme une réserve dont il pourrait disposer à l’occasion : pour le moment, il songea pendant quelques jours à le donner à Néametoulla kh.