Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/69

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après à Bussy avec quelque argent. Plus rapproché des pays du nord que ne l’était Dupleix, Bussy croyait moins encore à l’efficacité des concours proposés ; il doutait même de leur réalité et, loin d’entrer dans les vues de Volton, il le mit en observation et le retint pendant quelque temps comme prisonnier dans le camp, puis n’ayant aucune preuve convaincante soit de sa sincérité soit de ses supercheries, il le renvoya à Delhi où très vraisemblablement il finit ses jours dans l’obscurité ; à partir de 1753, on n’entend plus parler de lui.

Dupleix remercia d’abord Dieu de la mort de Gaziuddin comme d’un fait inespéré, il en attribua ensuite tout l’honneur à Bussy qui, lui du moins, ne s’était pas découragé et n’avait pas songé un instant à abandonner la partie. Il regretta seulement que dans son entourage, à Pondichéry, tout le monde ne partageât pas la même satisfaction. « Les bons français dont le nombre est petit ici, écrivit-il à Bussy le 14 novembre, en seront ravis, les autres confondus. » Puis il songea à tirer parti de l’événement. Le déshonneur de Trichinopoly était effacé et il n’était plus possible désormais que le ministre se refusât à envoyer des forces qui feraient respecter le roi et la nation. Dans l’Inde même, Dupleix comptait bien que Salabet j. nous témoignerait sa reconnaissance par de nouvelles concessions et il indiquait Ganjam comme un port qui remplacerait avantageusement Mafousbender, dont les revenus étaient insuffisants. Mais pouvait-il sincèrement compter sur la reconnaissance de Salabet j. « Cette race naturellement ingrate oublie facilement les services les plus essentiels et Salabet j. ne manque pas de coquins qui lui inspireront les sentiments d’ingratitude dont cette race est pétrie. » Son attitude à l’égard des Anglais et de Mahamet-Ali serait la pierre de touche.