Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/74

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ravoir ; aidez au temps, Monsieur, faites une paix la moins désavantageuse que faire se pourra avec les Anglais et Mahamét Ali… Ce qui me ferait souhaiter que vous fissiez aussi quelque accommodement avec les Anglais, c’est que Balagirao est extrêmement lié avec ceux de Bombay, ils ne manqueront point d’agir auprès de lui pour l’engager à protéger Mahamet Ali ; malgré l’alliance qu’il a faite avec nous, je ne répondrais pas qu’il ne se déclarât son protecteur ; un allié si puissant demande de grands ménagements… Si vous vouliez m’en croire, Monsieur, vous songeriez à rendre le calme et la tranquillité à ces malheureuses provinces, qui en ont si grand besoin et vous saisiriez l’occasion de finir une guerre qui ne peut être que funeste aux Européens, tandis qu’ils seront opposés les uns aux autres…

« À la fin de ce mois, je vais me trouver dans un extrême embarras. Le divan sort de chez moi, qui m’a déclaré qu’il n’y avait plus du tout d’argent, et je ne sais trop comment je ferai si ne puis pas engager les sarafs (banquiers) à faire les avances nécessaires pour la paie de nos soldats. Je vous le répète, Monsieur, il est temps de se tirer de ce labyrinthe… Il ne faut point espérer que Salabet j. puisse jamais rétablir ses finances ; elles sont trop mal administrées et j’ai tâché en vain d’y mettre quelque ordre, c’est une espèce de brigandage : les rentiers ne fournissant pas la moitié de ce qu’ils doivent ; tout ce que pourra faire Salabet j. ce sera de s’entretenir assez modiquement et je ne lui connais aucune ressource pour pouvoir former un trésor pareil à celui de Nizam oul Moulk… Trouvant une aussi belle porte pour sortir de ce dédale, il ne serait guère prudent de s’y engager une seconde fois

« Le long commerce que j’ai eu avec les gens du pays m’a appris à les connaître ; je puis vous protester qu’il n’y a aucun fonds à faire sur eux ; la fourberie et la duplicité leur sont comme naturelles et on sera toujours la dupe des liaisons qu’on aura avec eux. J’ai cru remarquer encore quelques vestiges de probité et de bonne foi parmi les Marates et s’il fallait opter, je me fierais un peu plus à eux qu’aux Mogols ; mais le