Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus sûr est de ne se fier ni aux uns ni aux autres et de ne se mêler aucunement de leurs affaires ; ces nations n’ont aucun frein, elles sont toujours disposées à sacrifier à leurs intérêts les engagements les plus inviolables… »

Cette lettre était à peine arrivée à Pondichéry, d’où aucune réponse n’avait encore pu revenir, que Bussy la confirmait et la précisait par une seconde en date du 20 décembre. Il disait à Dupleix :

« La mort de Gaziudin kh. est sans contredit l’événement le plus heureux que nous pussions espérer… la paix et l’alliance que je viens de faire avec les Marates en sont peut-être un encore plus important et plus avantageux et cette nouvelle aura sans doute augmenté vos espérances, mais quelques-unes de mes lettres et surtout ma dernière, en vous apprenant la véritable situation des affaires, vous feront connaître à quoi elles doivent se réduire : l’éloignement, les révolutions subites, mille accidents imprévus jettent une grande confusion dans notre correspondance et nous exposent à bien des contretemps. Quand je vous instruis de quelque événement et de l’état présent des choses, vous vous réglez dessus pour former vos projets… mais lorsqu’en suis informé, la face des affaires est bien changée et ils deviennent impraticables ; je me trouve sur une scène si changeante et si mobile qu’il m’est impossible de jouer longtemps le même personnage et il ne serait pas étonnant qu’on me prit en contradiction avec moi-même ; d’ailleurs, Monsieur, dans les différents partis que je crois les plus convenables de prendre, il ne faut pas tout à fait juger de la justesse de mon avis et de mes sentiments sur l’exposition que je fais moi-même des motifs qui m’ont décidé. Quelque long détail que je puisse vous faire, on ne peut tout dire dans une lettre ; étant sur les lieux, connaissant les différents intérêts de toutes les personnes qui ont quelque part aux affaires, je vois d’un coup d’œil ce qu’il convient de faire en chaque occasion et il me faudrait un volume pour vous développer mes idées et détailler