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homme qui sait se maintenir dans un poste qu’on veut lui ôter… Les exemples d’une pareille désobéissance ne sont que trop fréquents. Malgré les ordres de Salabet j., Lasker kh. vient enfin de déclarer qu’il ne se rendrait pas à l’armée après s’être fait attendre pendant un mois et nous avoir fait faire plusieurs marches pour aller au rendez-vous qu’il nous avait indiqué… »

La lettre du 28 novembre plongea Dupleix dans une perplexité extrême. Pour être discrets, les conseils de Bussy n’en étaient pas moins formels : c’était bel et bien l’évacuation du Décan qu’il préconisait. Dupleix ne put s’y résoudre et sans répondre complètement aux arguments qui condamnaient sa politique, il aima mieux faire appel au sentiment pour prier et même supplier Bussy de ne pas l’abandonner dans une situation aussi critique. Il lui écrivit le 1er janvier :

« Ce que vous me marquez de votre retraite me fait peine. J’entre en partie dans vos raisons, mais aussi je crois que vous devez un peu penser comme moi dans cette occasion et ne pas songer à m’abandonner dans les circonstances présentes et même à venir. Au reste vous devez penser que vous vous devez au roi et à l’État, que tout ce qui s’est passé jusqu’à présent est votre ouvrage, que vous ne pouvez l’abandonner sans l’avoir mis en sa perfection. Vous devez aussi vous souvenir de tout ce que vous avez promis de Delhi et de l’ambassade que vous aviez eu le dessein d’y faire et que je crois nécessaire pour l’affermissement de nos acquisitions…

« Vous convenez vous-même que l’attachement de Salabet j. pour vous exige toute votre reconnaissance. Pourquoi ne pas continuer à lui en donner les moyens ? Vous craigniez, il y a peu de temps, dans le temps même que vous étiez dans le plus fort de vos embarras, que je n’envoyasse quelque autre [La Touche] à votre place. Je n’en ai jamais eu l’idée et je suis bien mortifié que je sois à présent dans le sentiment de me la faire venir. Vous songez à vous retirer lorsque vous êtes dans la