Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/8

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Qu’allait faire Bussy ? DupLeix lui avait recommandé de « faire toujours office de médiateur dans les différends qui s’élèveraient entre ces seigneurs » ; il chercha aussitôt à négocier et envoya auprès des rebelles un indien du nom d’Agi Abdalla, chrétien de confiance que lui avait donné Dupleix. Sans attendre son retour et sans vouloir écouter les conseils de Bussy qui l’engageait à ne pas exposer inutilement sa vie, Muzaffer j. marcha à l’ennemi. À environ deux lieues du camp, il rencontra Abdalla, qui lui apportait les excuses des Patanes. Sans doute Muzaffer j. ne crut-il pas à leur sincérité ; il ne voulut rien entendre et continua sa marche, bientôt suivi par Bussy, qui cependant ne put le rejoindre à temps. Quelques coups de canon suffirent à mettre les Patanes en déroute ; les nababs de Savanour et de Carnoul furent tués, celui de Cudappa parvint à s’échapper. La victoire de Muzaffer j. était complète ; mais, fatalité déplorable, il fut tué dans l’action, soit d’un coup de flèche dans l’œil, soit d’un coup de lance que lui porta le nabab de Carnoul, au moment où Muzaffer j. allait lui-même le percer de son sabre.

Dans ce combat rapide, Bussy n’eut qu’un homme blessé l’armée même du soubab eut de 60 à 80 blessés et environ 30 tués. Les pertes des Patanes ne sont pas connues.

Il restait à régler la succession de Muzaffer j. D’après les lois de l’Empire, la cour de Delhi pouvait seule disposer du gouvernement ; mais Delhi était loin et si l’on ne voulait voir l’armée se diviser et peut-être la dynastie de Nizam disparaître, c’était tout de suite qu’il fallait prendre un parti : il serait toujours temps de demander l’investiture du Grand Mogol. L’héritier naturel était le fils de Muzaffer j., un enfant de cinq à