Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/9

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huit ans, n’ayant pour toute défense que le désintéressement de ses oncles. Arme bien fragile. L’aîné d’entre eux, Gaziuddin, était à Delhi et depuis trois ans que son père était mort, il n’avait jamais revendiqué sa succession ; on pouvait à la rigueur ne pas tenir compte de ses droits. Ses trois autres frères, Salabet j., Nizam Ali et Bassalet j. se réunirent le jour même, firent asseoir Bussy au milieu d’eux, lui exposèrent le danger de laisser seulement une demi-heure l’armée sans chef et lui dirent tous trois qu’ils ne voulaient tenir que de lui la place que le hasard venait d’ouvrir. Salabet, l’aîné, était « un peu bouché », suivant une expression de Dupleix ; Nizam Ali, le second, avait plus de feu et d’esprit ; le troisième était trop jeune pour qu’on put songer à lui. Comme la logique le conseillait, Bussy désigna l’aîné et Salabet j. fut reconnu sans opposition par toute l’armée. Ramdas Pendet, divan de Muzaffer j., le boxis ou général en chef de l’armée, tous les officiers et fonctionnaires lui promirent fidélité et passèrent à son service. Jamais transmission de pouvoir ne se fit avec tant de complaisance et de célérité.

Le nouveau soubab ne tarda pas à nous témoigner sa reconnaissance ; lui aussi craignait d’être trahi ou abandonné par ses troupes. Avec une soumission et une humilité qu’on n’exigeait pas mais qui est un peu dans le style oriental, il dit qu’il ne voulait tenir ses terres que de Dupleix et qu’il était prêt à nous donner tous les trésors de Golconde et tout le Décan. En fait, il nous confirma les concessions de Muzaffer j., abandonna à notre contrôle tout le pays depuis la Quichena jusqu’au Cap Comorin, c’est à-dire le Carnatic, le Maduré et Tinnivelly sur lesquels il n’exerçait d’ailleurs qu’une autorité nominale, et nous céda en outre les territoires de Nizampatnam,