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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/81

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à Delhi, il était libre de suivre ses inspirations. La sécurité du Décan n’était-elle pas assurée ? Dupleix entrevoyait même une réconciliation avec Chanavas kh. et sur les conseils de Bussy, il lui fit quelques avances.

Lorsque cette lettre, qu’on n’accusera pas d’être pessimiste ou découragée, arriva dans le Décan vers la fin du mois de janvier, les événements avaient marché et Bussy était passé de sa déférence habituelle à l’égard de Dupleix à une sorte d’irritabilité. Il avait pris ombrage d’une lettre où, sans le lui marquer expressément, le gouverneur lui aurait fait sentir que, dans l’affaire du paravana de Mahamet-Ali, sa surveillance avait été en défaut et sa confiance en Lasker kh. excessive. Il se piqua d’amour-propre et répondit le 23 novembre par une lettre assez vive, comme pour se plaindre que Dupleix n’eut plus en lui la même confiance.

Ce ne fut cependant ni cette lettre ni les autres qui décidèrent de la résolution suprême de Bussy. Au moment où il donnait à Dupleix le conseil de sortir du Décan comme d’un guêpier, il n’en était pas moins décidé à exécuter ses ordres et il s’apprêtait à partir pour le Maïssour avec Salabet j. et Balagirao. Nul doute, pensait-il, qu’à l’approche des coalisés, Mahamet-Ali ne rentrât dans le devoir ; quand même on n’irait pas jusque dans le Carnatic, on irait assez loin dans le Maïssour pour l’obliger à la neutralité et en tirer des contributions qui tomberaient dans la caisse du soubab et serviraient pendant quelque temps à payer nos troupes.

L’armée franco-indienne était alors campée à Calburga depuis le 18 décembre. Dès qu’elle connut ce nouveau projet d’expédition, ce fut une protestation unanime des chefs et des soldats ; on en avait assez de faire la guerre si loin ; la malheureuse randonnée de Nazer j. était encore