Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/83

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ser sa volonté ; il comprit que c’était tout à la fois le sort de Trichinopoly et le maintien de notre influence dans le Décan qui étaient en cause, mais que faire ? il ne pouvait ni marcher seul ni obliger Salabet j. à le suivre. Ne voulant pas s’en fier à ses seules lumières dans une situation aussi critique, il demanda par écrit l’avis de ses officiers. Leur réponse fut unanime : on ne devait pas abandonner le soubab, quoiqu’il fît ; cette démarche serait opposée à l’honneur de la nation et aux intérêts de la Compagnie. (B. N. 9158, p. 44-45).

Bussy ne manqua pas de porter ces événements à la connaissance de Dupleix avec des commentaires appropriés (lettres des 24-25 décembre):

« Sans doute, lui disait-il, que vous ne serez pas moins surpris et irrité que moi de la conduite du soubab, dont la faiblesse et l’incapacité font manquer les meilleures affaires ; cependant rien de pareil ne doit vous étonner de sa part et tout ce que je vous ai écrit à son sujet doit vous y préparer. Je vous le répète, il est impossible de soutenir longtemps un pareil homme ; dans la disposition où sont actuellement les esprits, s’il paraissait sur la scène quelque nouveau compétiteur, il est hors de doute que tout le monde se rangerait de son côté. Je souhaiterais bien que vous prissiez des mesures pour éviter l’extrême embarras où nous jetterait encore une pareille révolution…

« Le principal objet de cette expédition était d’établir Salabet j. dans la place qu’il occupe et de le faire reconnaître dans tout le Décan. Nous y avons réussi ; il n’y a personne qui pût trouver à redire que vous songeassiez maintenant à retirer vos

    de nous indemniser, Bussy aurait demandé à Salabet j. son congé. Cette menace aurait eu son effet ; le lendemain le soubab aurait envoyé tous les seigneurs de son armée demander à Bussy qu’il voulut bien ne pas l’abandonner. Le jour suivant, il serait venu lui-même, dans une réunion plus intime à laquelle assistait le P. Monjustin, se jeter à ses genoux, en le baignant de ses larmes et le conjurant de rester son ami et son protecteur. (B. N. 9159, p. 201-202).