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encore que Bussy resterait dans le Décan autant pour soutenir Salabet j. que pour contenir Balagirao, dont l’influence grandissante ne pourrait manquer de constituer un grave danger pour nos intérêts, même dans le Carnatic. (Lettres des 13 et 14 janvier).

Indépendamment des ordres que pouvait donner Dupleix, qui seul avait autorité pour décider si nous devions abandonner ou non Salabet j., nos officiers avaient agi avec sagesse en décidant de rester ; avec le petit nombre de leurs hommes ils ne pouvaient songer à se porter seuls au-devant de Dupleix dont la nouvelle armée n’avait même pas quitté Pondichéry ; et ils pouvaient craindre que Salabet j., considérant leur départ comme une rupture, les inquiétât dans leur retraite.

Ainsi échoua la seconde et dernière tentative pour exercer du Décan une action militaire contre Trichinopoly et prêter un appui utile à Dupleix dans le Carnatic. L’armée eut peut-être marché si elle avait été payée, mais, dans les guerres où personne ne se bat pour un intérêt national, rien n’est possible si l’on ne soudoie pas le courage et le dévouement. Au surplus il n’y avait aucun ordre financier dans le gouvernement du Décan et encore moins de mesure dans la répartition des dépenses. La résolution de rester auprès du soubab, dictée tout à la fois par le sentiment et par la crainte d’une retraite aventureuse, plaçait Bussy dans une situation difficile ; il sentait qu’il n’avait pas la confiance de la cour et ne voyait plus aucun moyen de se procurer de l’argent. Comment triompher de ces obstacles ? comment vaincre cette double résistance ? Son habileté et sa finesse pouvaient à la rigueur le guider dans ses rapports avec la cour, bien qu’il sut que dans les derniers pourparlers avec Balagirao tout l’entourage du divan et peut-être le divan lui-même