Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/94

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son conseiller fidèle, il ne voyait personne en qui il put avoir confiance. Il avait, il est vrai, triomphé assez aisément au mois de mars de la tentative de résistance de Ragogy Bonsla et du nabab de Nermel. Le premier s’était retiré à notre approche et par la paix qui fut conclue avec lui il s’engagea à rendre les terres qu’il avait usurpées et l’argent qu’il s’était fait donner par les rentiers. Nermel de son côté avait fait son accommodement moyennant un versement de 150.000 rs. Mais c’était au lendemain du départ de Bussy ; notre prestige était encore intact. Lorsqu’on vit la mollesse de son successeur, plus passionné pour le jeu que pour le règlement des affaires, chacun reprit confiance. Débarrassés en fait de notre tutelle ou de notre surveillance, les ministres relevèrent peu à peu la tête, et Lasker kh. qui ne nous avait jamais été fidèle, entreprit de nous expulser du Décan, dût le trône de Salabet j. succomber dans l’aventure. Était-il d’accord avec les chefs marates Janogy, Ragogy Bonsla, Holkar et Racomdaulas qui demandèrent à Delhi le firman du Décan pour le fils de Gaziuddin ? on ne saurait le dire d’une façon précise.

Quoiqu’il en soit, sous prétexte que l’argent manquait, Lasker kh. fit habilement observer à Goupil que si, conformément aux usages de l’Inde, il employait ses troupes à recouvrer les revenus du domaine sur les rentiers récalcitrants, il serait à peu près certain de leur assurer une solde régulière. Goupil se laissa prendre à ce piège, sans se douter que la proposition n’avait d’autre but que de diviser nos forces et de rejeter sur nous l’impopularité de la levée des contributions.

Ce premier résultat obtenu, Lasker kh. entreprit d’enlever Salabet j. à notre contrôle en représentant au