de râcler un violoncelle, de souffler dans un piston, leurs gros yeux fixés sur des feuilles bariolées de notes, tandis qu’un singe de même substance, juché sur un tréteau, battait la mesure devant cet orchestre diabolique qui n’était encore qu’un quatuor, mais que je devais voir grossir démesurément plus tard.
Enfin, sur les murs, pas une place qui fût laissée libre. Des cadres divers, des épingles même retenaient des découpures de journaux illustrés représentant des scènes d’opéra ou des portraits de musiciens, chanteurs ou compositeurs.
Je me penchais vers ces babioles avidement, déjà curieux de théâtre, cherchant, sous les visages épinglés, des noms.
M. Grillé m’aida volontiers : « Vous regardez ce portrait, faisait-il, c’est celui d’un monsieur que j’entendis souvent chanter lorsque j’étais au Conservatoire ; il s’appelait M. Balanqué… »
Une grande photographie de Marie Sasse, figure commune s’il en fût, occupait la place principale qu’elle devait céder bientôt à deux cadres d’égale grandeur dont M. Grillé venait de faire l’achat dans des conditions particulières. Les épiciers, à cette époque, donnaient des primes à leurs clients. Il suffisait d’un certain nombre de kilos de marchandises débités, pour qu’ils fussent accompagnés d’une chromolithographie encadrée. Des tableaux de toutes sortes