Page:Martineau - Le musicien de province, 1922.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LE MUSICIEN DE PROVINCE

une maison sans élégance, mais de forme régulière, avec une façade assez large.

La première fois que j’y fus reçu, je vis sur cette façade une enseigne qui tenait toute la largeur de la bâtisse. Elle était peinte en brun-rouge, comme celles des marchands de vin, et supportait en reliefs énormes, des lettres jaunes. Et il y avait ainsi écrit :

« Académie de musique ».

M. Grillé tenait à affirmer la multiplicité de ses connaissances et de ses pratiques.

Tel de ses confrères donnait des leçons de chant, tel autre des leçons de violon, celui-ci de solfège et celui-là de piano. M. Grillé seul, pouvait réunir en une même maison, toutes les branches de l’art musical, former une académie dans le sens le plus exact du mot.

Le salon avait des proportions raisonnables ; les boîtes vitrées, pleines de couronnes et d’écharpes l’encombraient encore, mais moins qu’elles ne faisaient rue Fénelon.

L’orchestre de grenouilles, considérablement augmenté, avait pour lui tout seul une table.

Je comptai vingt-quatre grenouilles, disposées savamment par un chef qui avait donné à chaque instrumentiste sa place véritable.

Outre la fenêtre principale qui donnait sur la rue tranquille, une autre plus petite donnait sur