Page:Martineau - Le musicien de province, 1922.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LE MUSICIEN DE PROVINCE

les moins repoussants étaient des acrobates et des danseurs.

Chaque soirée se terminait à l’Eldo, par une opérette en un acte. Et je vis écorcher dans ce taudis, La Chanson de Fortunio et L’Île de Tulipatan d’Offenbach, ou Une éducation manquée d’Emmanuel Chabrier.

Ces petits chefs-d’œuvre voisinaient avec des stupidités d’un niveau si bas qu’on avait quelquefois peine à y démêler une intrigue.

Ce flemmard de Celine avait remarqué tout cela.

Il prit le prétexte du théâtre manquant pour aller tout droit au cirque ; en réalité, il y avait songé dès le jour où il avait aidé le petit Roger à accoucher de son libretto.

Il y avait songé parce qu’il voulait simplement s’amuser en ne se donnant aucun mal et savait que la critique ne le viendrait pas chercher là.

Pendant deux mois, Roger et Octave jouèrent aux auteurs, eurent des discussions avec la direction, échangèrent des saluts et des poignées de main avec des artistes qui n’en revenaient pas de leur politesse.

Ils imaginèrent une lecture. Elle eut lieu dans un obscur salon du bouge. Roger, en redingote, avec à la boutonnière un bouquet de violettes, lut sa pièce devant ses interprètes ébahis.