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LE MUSICIEN DE PROVINCE

huit jours après. La partition fut de tous points réussie. Une sorte de chahut la terminait où M. Grillé avait déployé une verve digne de Chabrier :

Du passé reprenons la vie ;
Courons, courons à la folie !…
............

Ce courons, courons, était rendu par une progression ascendante, dans un six-huit endiablé et tout à fait réjouissant.

La musique de M. Grillé pouvait soutenir la comparaison avec celle des meilleures œuvres du même genre.

Lorsque nous la déchiffrâmes au piano, nous eûmes, Bergeat et moi, une impression de confusion partagée par les librettistes mêmes.

Le livret était vraiment indigne de ces phrases musicales si jolies et si parfaitement écrites.

Qu’était venu faire M. Grillé dans cette galère ?

L’événement ne devait que trop justifier nos inquiétudes.

Quelques semaines auparavant, un incendie avait détruit le théâtre lyrique de Turturelle qui n’avait point, à cause de cela, de troupe en permanence. Le public du dimanche se contentait d’un affreux bouis-bouis, moitié théâtre et moitié concert, et s’y entassait pour y applaudir avec une immense inconscience, des cabots dont