Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/145

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maison de Jolgotchet[1] par exemple, étoit en état de servir les Anglois, d’autant plus, qu’aux connoissances qu’elle avoit, elle joignoit plusieurs sujets de plaintes contre Souradjotdola. Elle avoit toujours été dans le plus grand crédit jusqu’à la mort d’Alaverdikhan. C’étoit elle qui avoit conduit toutes les affaires ; on peut dire même qu’elle avoit été depuis longtems la première cause de toutes les révolutions dans le Bengale[2]. Les choses étoient bien changées ; Souradjotdola, le plus inconsidéré de tous les hommes, ne se doutant pas qu’il pût jamais avoir besoin de ces saokars ou qu’il en eût quelque chose à craindre, ne les ménageoit en rien. Leurs richesses étoient son but ; tôt ou tard il s’en seroit emparé. Ces banquiers, dis-je, étoient en état de servir les Anglois ; ils pouvoient avec le tems former un parti, mettre un autre nabab, même sans le secours des Européens, et rétablir les Anglois comme ils étoient auparavant ; mais pour cela, il falloit beaucoup de tems. Les affaires parmi les Indiens vont très lentement ; cela n’accommodoit pas les Anglois : les banquiers d’ailleurs sont Gentils, gens qui

  1. Chet Matabray et Chet Chouroupchoude, fils de Jogot Chet, banquier de la cour, le plus riche particulier qu’on ait peut-être jamais vu dans le monde entier.
  2. Alaverdikhan n’étoit parvenu au soubah du Bengale qu’à cause du mécontentement de la maison des Chets contre Safreskhan qui avoit fait enlever la femme de Chet Matabray dont on vantoit la beauté.