Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/147

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Les Anglois instruits de tout ce qui se passoit au dorbar de Morshoudabad, par leurs espions et par les correspondances qu’ils avoient avec quelques amis particuliers, dévoient être sans doute fort embarassés les deux ou trois premiers mois. La façon de penser de Souradjotdola leur ôtoit toute espérance de se rétablir de longtems à moins qu’il ne leur vint des forces de la côte. On peut juger avec quelle joie ils reçurent les premières nouvelles qui les leur annonçoient ; malgré cela rien encore n’étoit moins certain que leur rétablissement ; aussi sans se laisser aller à une joie aveugle, sans penser à intimider le nabab par des bravades qu’ils n’étoient pas encore surs de pouvoir soutenir, ils se déterminèrent à suivre toujours le même plan, c’est-à-dire à agir par négociations. Qu’il réussit ou non, ce plan ne leur pouvoit faire aucun tort. Il servoit même au pis aller à nourrir cette confiance du nabab qui faisoit toute leur sûreté, et qui leur donnoit le tems de se préparer. Leurs émissaires étoient donc sans cesse en mouvement soit pour ménager leurs amis, concerter avec eux ce qu’il convenoit de faire, soit pour amuser le nabab par de nouvelles propositions qu’ils étoient surs de ne pas obtenir. C’étoit gagner du tems pendant que le nabab perdoit le sien par une fausse sécurité, employant tout ce que son mauvais esprit pouvoit lui suggérer de propre à animer contre lui ses sujets et les étrangers. Nous en étions au point, qu’à moins d’un change-