Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/156

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ral. Les Anglois qui, par leurs émissaires, n’ignoroient rien de ce qui se passoit à Chandernagor et qui avoient eu soin de jeter de la poussière aux yeux des uns et des autres par une espèce de manifeste, passèrent hardiment notre colonie le 10 Janvier, et montèrent à Ougly qu’ils prirent après une foible résistance. La ville et toutes les dépendances furent mises au pillage.

La nouvelle n’en fut pas plutôt portée à Morshoudabad que le nabab partit pour [aller] joindre son armée qui descendoit. Il étoit d’autant plus irrité contre les Européens en général, qu’il savoit que les Anglois avoient passé sans difficulté devant Chandernagor et qu’on lui avoit même rapporté que les Hollandois leur avoit donné des secours. À force de requêter, et par le canal de diverses personnes, j’avois presque fait revenir le nabab à notre sujet. J’avois obtenu pour M. Renault,

    qu’il n’étoit pas au pouvoir de Mrs de Chandernagor de lever, comme il paroit qu’ils en sont convenus, ne les ayent tout d’un coup déterminé le conseil de Chandernagor à se joindre au nabab ? Un autre mémoire anglois dit que M. Watson rompît les conférences pour la neutralité au commencement de mars et se détermina à l’attaque de Chandernagor, parceque le chef françois avoit dit positivement qu’il ne pouvoit répondre de la validité du traité par rapport à ses supérieurs. Mais si dès le mois de janvier les Anglois témoignèrent des doutes sur ces pouvoirs de Mrs de Chandernagor, comment, en février, ont-ils pu en faire renouveller de bonne foi les conférences pour la neutralité, et les continuer jusqu’en mars, sans probablement avoir fait lever ces doutes et reconnu la validité des pouvoirs de Mrs de Chandernagor ?