Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le nabab épouvanté fait la paix avec les Anglois.

Un djamadar courut après le nabab et lui représenta que s’il vouloit rester aussi éloigné de son armée, les troupes se débanderoient ; sur quoi il se rapprocha. Mais le lendemain il reçut une lettre de l’amiral Watson dans laquelle, après avoir rappellé ce qui s’étoit passé la veille, les risques qu’il avoit courus malgré le petit nombre qu’il avoit eu à combattre, il le menaçoit d’une affaire bien plus sérieuse, même de l’enlever et de le conduire en Angleterre. Il n’en falloit pas tant pour retourner la tête à un homme déjà épouvanté. Le nabab sur le champ sans faire la moindre réflexion, oubliant la promesse qu’il avoit faite à M. Renault, accepta toutes les propositions des Ànglois et se décida à signer la paix. On en eut avis à Chandernagor, on voulut faire de puissants efforts pour parer le coup fatal, mais il n’étoit plus tems ; on avoit attendu aux extrémités, on ne parloit plus qu’à des gens découragés ; ainsi, sans qu’il fut le moindrement question de neutralité entre les Européens, la paix fut signée le 9. Le nabab fit dire à M. Renault qu’il étoit obligé de faire sa paix avec les Anglois à cause des troubles du côté de Delhy. Mais ce n’étoit qu’un prétexte pour couvrir sa lâcheté. Les troubles de Delhy dont en effet il n’avoit rien à craindre ne l’empêchèrent pas de rester tranquille dans sa capi-