Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/161

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Heureusement pour lui il n’y étoit pas, un de ses divans qui se délioit de la députation lui avoit conseillé de passer la nuit dans une tente plus éloignée. Les Anglois chassèrent d’abord les Maures comme un troupeau de moutons, ils tuèrent douze ou quinze cens hommes tant sipayes que vivandiers, six cens chevaux au piquet et quantité de bœufs de charge. Le nabab épouvanté s’en fut à toute bride et ne s’arrêta qu’à plus de huit cosses au dessus de Calcutta. Cependant, le premier feu passé, quelques diamadars du nabab    Février 1757. rassemblèrent leur monde et firent tête, entr’autres un corps de cavalerie persane qui fonça avec beaucoup d’intrépidité. Cette fermeté, jointe à ce que le tems s’éclaircissoit, détermina le colonel Clive à se retirer. Les Anglois eurent plus de deux cens hommes tués ou blessés dans cette action et perdirent dans la retraite deux pièces de campagne dont les affûts étoient cassés. On peut juger de ce qu’il leur seroit arrivé si le nabab avoit eu avec lui un corps d’Européens et un homme capable de commander. Il faut dire aussi dans ce cas qu’il n’est pas probable que le colonel Clive eut fait l’attaque avec aussi peu de monde. Il n’avoit que mille Européens et quinze cens sipayes contre une armée de soixante mille hommes.