Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/167

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Les Anglais sont instruits des démarches du nabab auprès de M. Renault.

Un grand défaut qui est et qui a toujours été dans le maniement des affaires de l’Inde et surtout dans le Bengale, c’est qu’il n’y a point de secret : à peine le nabab a t’il formé un projet qu’il est aussitôt sçu du dernier de ses esclaves. Les Anglois qui étoient sur la défiance, qui avoient pour amis tous les ennemis de Souradjotdola, furent bientôt instruits de ses propositions à M. Renault, des lettres qu’il écrivoit de côté et d’autre. Malgré cela, dans toutes autres circonstances que celles où nous nous trouvions par la déclaration de guerre entre la France et l’Angleterre, les Anglois auroient pu espérer d’adoucir le nabab par quelques services, par des présents et autres moyens usités dans le pays. Leur pis aller, au surplus, auroit été de se bien tenir sur leurs gardes. Le nabab n’étant pas soutenu n’auroit pas osé les chagriner ; mais cette guerre européenne metoit tout contre eux. Ils s’imaginèrent qu’une alliance entre nous et le nabab auroit lieu tôt ou tard ; ils en sentoient les conséquences, il falloit les prévenir.

Le changement de nabab étoit devenu par là de la dernière nécessité. Chasser les Français du Bengale n’étoit que la moitié de l’ouvrage. Il pouvoit survenir une escadre, des forces considérables, auxquelles le nabab se seroit joint : que