Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/180

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plus le même homme, il ne craignoit rien tant que d’être obligé de se battre contre les Anglois. Cette crainte le disposoit à se raccommoder petit à petit avec les Chets de la grandeur desquels il étoit cependant très jaloux. Cet homme d’ailleurs ne pouvoit souffrir le nabab de qui il avoit été maltraité en plusieurs occasions ; enfin jamais je ne pus l’engager à dire un seul mot en notre faveur dans le dorbar. La crainte de se compromettre fit qu’il prit le parti de demeurer neutre du moins pour quelque tems, bien résolu de se ranger par la suite du côté qui lui paroîtroit le plus fort. Victrix causa Diis placuit… On ne connaît pas dans l’Inde la fin du vers.

Tel étoit le crédit si vanté que nous avions au dorbar. Je regarde Souradjotdola en cette occasion comme une machine naturellement bienfaisante à notre égard, mais dont les mouvements arrêtés par une multiplicité de défauts dans la machine même, ne pouvoient devenir libres que par de violents efforts. Nous étions abandonnés à nous-mêmes. Si nous n’avions eu qu’à combattre les seuls défauts de Souradjotdola, nous aurions [déjà] eu assés de peine ; mais que pouvions nous faire contre des défauts, soutenus par les efforts de tous ceux qui étoient intéressés à les entretenir ? Il ne falloit rien moins qu’une petite armée commandée par un chef de la réputation de M. Clive ; elle seule auroit pu lever les obstacles.

Les Anglois avoient pour eux dans le dorbar