Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/182

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réunies, mises en action par une personne aussi capable que M. Watts ? Son plus grand embarras devoit être de proportionner aux circonstances le mouvement des forces qu’il avoit en main. C’est à quoi il a réussi parfaitement.

J’allois exactement tous les matins au dorbar et je sortois toujours avec les réponses les plus favorables. Le nabab donnoit devant moi les ordres les plus formels, enfin je comptois sur un prompt et puissant secours. Le nabab écrivit plusieurs lettres tant à l’amiral qu’au colonel Clive pour les engager à ne point nous attaquer. « La volonté de l’Empereur, leur disoit-il, est que les étrangers ne se fassent point la guerre dans son pays. Je suis commis pour empêcher les troubles. Si vous attaquez les François, je serai obligé de me mettre contre vous. » Il en reçut plusieurs réponses ; dans quelques unes ils paroissoient portés à lui obéir, dans d’autres ils étoient indécis, d’autres enfin étoient décisives, on parloit en maître. On sommoit le nabab de tenir sa parole, on le renvoyoit au traité de Calcutta, où il étoit dit que le nabab devoit regarder comme ennemis tous ceux des Anglois. Le nom seul d’un traité indignoit le nabab, mais en même tems le faisoit trembler par l’essai qu’il avoit fait de leur supériorité. Ceux-ci connoissoient son faible, ils en profitoient.