Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/216

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de quarante cinq hommes la plupart matelots du vaisseau le St Contest. Cette jonction se fit le plus heureusement du monde par l’activité et la bonne conduite de M. Jobard, officier que j’avois envoyé au devant de ces matelots ; mais nous eûmes les preuves les plus singulières des variations du nabab qui, lorsque je faisois quelque séjour, m’envoyoit demander pourquoi je ne marchois pas, et lorsque je marchois, trouvoit que j’allois trop vite. Pour le satisfaire il auroit fallu être toujours en mouvement sans avancer, cela ne nous accomodoit pas. Il étoit de la dernière importance pour nous d’arriver dans un endroit où j’aurois pu trouver de quoi mettre la troupe en état ; nous manquions de tout.

C’est dans cette route que nous passâmes par le village de Souty où est le banc de sable qui dans le temps des basses eaux sépare le grand Gange du petit bras qui passe à Morshoudabad. Nous vîmes sur ce banc la fameuse digue que faisoit faire le nabab dans la crainte que les Anglais profitant des débordemens ne fissent monter leurs vaisseaux jusqu’à Morshoudabad ; cette digue pouvoit avoir

    d’autant plus animés contre lui que sa conduite à Chandernagor d’où, à la veille de l’attaque des Anglois, il étoit parti sans prévenir qui que ce soit, avoit déplu singulièrement. Je lui fis remettre 7 ou 8 roupies d’or, au moyen desquelles il pouvoit se rendre facilement à Morshoudabad où le nabab se seroit fait un plaisir de lui procurer ce qui pouvoit lui être nécessaire pour se rendre où il auroit voulu.