Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/222

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le nabab auroit soin de m’instruire à tems ; les débordements se faisoient déjà sentir ; il ne me falloit que cinq ou six jours[1] pour me rendre par eau jusqu’à Souty et de là, par terre, deux jours pour arriver à Morshoudabad.

M. de Sinfray cependant n’avoit pas pu parvenir encore à avoir une audience du nabab qui craignoit d’exciter par là la jalousie des Anglois. Il vouloit les ménager, croyant qu’ils agissoient de bonne foy, mais il devoit se connoitre lui-même et juger des autres par ce qui se passoit dans son propre cœur. Il devoit par conséquent être toujours sur la défiance.

Les Anglois, comme j’ai dit, avoient assuré le nabab qu’ils étoient satisfaits, ils avoient rappellé à Calcutta les troupes qui étoient à Cassembazard ; le nabab de son côté congédia son armée qui étoit à Palassy.

Pour mieux persuader le nabab, et le mettre dans une fausse sécurité, les Anglois en vinrent jusqu’à lui faire entendre que pour sa parfaite satisfaction et la tranquilité des provinces, ils se sentoient assés disposés à permettre aux François de se rétablir à Chandernagor, pourvu qu’ils fussent tranquilles ; du moins il est à croire que les créatures des Anglois tinrent une pareil propos. J’en juge par quelque chose de semblable que le nabab dit à Mr de

  1. Je ne m’attendois pas à trouver en juin des vents aussi violents et aussi contraires que nous les avons eus.